Pour la visite de l’exposition « Cathares ». Toulouse dans la croisade, nous vous conseillons vivement de prendre votre billet en ligne afin d’éviter l’attente en caisse.
Le musée sera fermé au public le mercredi 1er mai. Il sera par contre ouvert le mercredi 8 et le jeudi 9 mai, aux horaires habituels.
Musée, monument historique et site archéologique
Vous l’aurez compris, au musée Saint-Raymond, on ne fait pas les choses à moitié. L’histoire de Toulouse et de sa région est partout : dans les objets que vous pouvez voir pendant votre visite, dans le bâtiment, un ancien collège du XVIe siècle… et au sous-sol, qui abrite un site archéologique témoignant de plus de mille ans d’histoire.
Le bâtiment qui accueille le musée Saint-Raymond est un ancien collège universitaire, fondé au XIIIe siècle et reconstruit en 1523 par l’architecte Louis Privat.
Avec ses 76 000 briques (difficile d’utiliser de la pierre quand il n’y a pas de carrière à proximité !), il est l’un des rares vestiges de l’architecture universitaire de l’époque à Toulouse. Ce collège et ses dépendances aujourd’hui disparues étaient un lieu d’hébergement pour les étudiants pauvres venus étudier la théologie, la médecine, les arts ou le droit.
L’ensemble des bâtiments est saisi comme bien national lors de la Révolution, puis racheté par la ville de Toulouse en 1836.
Les dépendances ainsi qu’une partie de l’édifice sont détruites lorsqu’une grande place est aménagée autour de la basilique Saint-Sernin, en 1852-1853 et seul le bâtiment principal du collège est préservé. Le monument est restauré par Eugène Viollet-le-Duc dans les années 1868-1871 et mis à disposition de Saint-Sernin pour y installer son presbytère.
Finalement, le musée Saint-Raymond s’y installe en 1892.
Le bâtiment est classé Monument Historique depuis 1975.
Dans les années 1994-1996, des fouilles archéologiques ont eu lieu dans le cadre de travaux au sous-sol du musée. Elles ont dévoilé de nombreux vestiges dont certains ont été intégrés au parcours de visite :
- une nécropole de l’Antiquité tardive ;
- un four à chaux ;
- les fondations du plus vieil hôpital de Toulouse, du début du XIIe siècle, qui hébergea des personnes pauvres dont des étudiants, avant que le collège ne soit construit ;
- les fondations du premier collège, construit au XIIIe siècle, détruit par un incendie trois siècles plus tard, et remplacé par le bâtiment actuel.
Le sous-sol actuel du musée condense donc les vestiges de toute cette histoire.
LE PETIT + AU MUSÉE
La visite flash Un site archéologique sous le musée explore l’histoire du bâtiment et des vestiges archéologiques conservés au musée. Visite de retour en 2025 : consultez notre agenda.
[Marine Perez, médiatrice culturelle au Musée Saint-Raymond]
Les visiteurs le remarquent dès leur arrivée, le bâtiment qui accueille le musée Saint-Raymond est très particulier. La question qui revient le plus souvent est : quelle était sa fonction avant qu’il ne devienne un musée ? Je vous en parle dans L’œil des médiateurs.
[Titre : Dans l’œil des médiateurs]
Ce bâtiment a été construit en 1523. C’était originalement un collège universitaire, le collège Saint-Raymond, un lieu dans lequel des étudiants pauvres ou éloignés de la ville logeaient pendant leurs études.
C’est l’architecte Louis
Privat qui a fait les plans de ce bâtiment. Deux familles l’ont financé : les Saint-André et les Auxillon. On retrouve d’ailleurs leurs armoiries sur la façade : le château à trois tours surmonté de trois étoiles des Saint-André et les trois roues des Auxillon. Comme souvent à Toulouse le bâtiment est construit en brique tout simplement parce qu’il n’y a pas de carrière de pierre à proximité. En revanche la région est riche en argile nécessaire à la fabrication des briques.
L’architecture semble un peu austère pour un collège. De nombreux éléments sont empruntés à l’architecture militaire : on retrouve des murs crénelés, des tourelles d’angles, des mâchicoulis mais ces éléments ne sont qu’esthétiques. Les mâchicoulis sont d’ailleurs des faux ils ne
sont pas percés et n’ont jamais pu servir à jeter des projectiles sur des assaillants. Le bâtiment lui-même n’a donc jamais eu de fonction défensive.
Son apparence austère est aussi renforcée par le faible nombre de fenêtres. Il faut imaginer qu’il y en avait encore moins au 16e siècle. Le rez-de-chaussée était principalement éclairé par de grandes fenêtres du côté sud. Le côté nord est aujourd’hui percé de fenêtres similaires, mais à l’origine il n’y avait que des petits jours.
La pièce principale du rez-de-chaussée s’appelait le Tinel, un nom qu’elle a conservé aujourd’hui. On y organise désormais nos expositions temporaires mais, lorsque le lieu était un collège, elle servait de réfectoire et de salle d’honneur pour les étudiants.
Leurs chambres étaient ici, au premier étage, desservies par une galerie qui courait le long de ces baies sous arcs brisés. C’est à peu près tout ce que l’on sait de l’aménagement intérieur du collège.
Il a été remanié à plusieurs reprises au cours des siècles, notamment au 19e et au 20e siècles, si bien que nous ne conservons qu’un seul vestige de son décor originel. Il se trouve dans cette tourelle d’angle et pour l’apercevoir, il faut lever les yeux !
Il s’agit d’une peinture murale qui orne le plafond de cette tourelle. Elle est fragmentaire mais une partie est toujours très bien conservée et on peut nettement voir le décor d’oiseaux et d’arbres qui recouvraient probablement ce plafond. Lors de l’ouverture du collège 18 étudiants pouvaient y loger. C’est l’abbaye de Saint-Sernin, juste à côté, qui le faisait vivre et s’assurait que les étudiants soient convenablement logés et nourris. Des dons de particuliers aidaient également à financer le fonctionnement du collège. Pour assurer les besoins quotidiens, le collège était entouré de bâtiments annexes. En 1719, un texte mentionne parmi eux une cuisine, une grange et une écurie. Il y avait également la chapelle Saint-Raymond, édifiée à la fin du 12e ou début du 13e siècle, contre laquelle le collège a été construit.
Tous ces bâtiments sont saisis comme biens nationaux lors de la Révolution à la fin du 18e siècle, puis ils sont rachetés par la Ville de Toulouse en 1836. Ils sont alors en mauvais état et sont tous détruits sauf le collège. Il est restauré par Eugène Viollet-le-Duc entre 1868 et 1971 puis le bâtiment est attribué à la basilique Saint-Sernin qui en fait son presbytère. À la fin du 19e siècle, la municipalité décide d’en faire un musée d’art décoratif ancien et exotique qui ouvre officiellement en 1892.
De nouveaux travaux et aménagements sont faits à cette occasion, notamment l’agrandissement des fenêtres du rez-de-chaussée du côté nord pour amener plus de lumière dans les salles d’exposition. Ces ouvertures ont trop dénaturé l’architecture austère du bâtiment au goût des Monuments Historiques qui lui ont retiré son classement en 1925. Mais le musée Saint-Raymond reste quand même l’un des rares témoignages de l’architecture universitaire au 16e siècle à Toulouse, il est donc à nouveau classé aux Monuments Historiques depuis 1975.
Il accueille désormais le musée d’archéologie de la ville qui abrite d’ailleurs des vestiges archéologiques, dont ceux du premier collège qui date du 13e siècle. Mais ça je vous en parle une prochaine fois.
[Générique de fin crédits photographiques, musical (Middle Earth et Dark Mystery, Jason Shaw – musique par audionautix.com, CC BY-SA 4.0, logos du Musée Saint-Raymond et de la Mairie de Toulouse]